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Photo du rédacteurPhilippe Koeune

Le Journal de LETOULE

Dernière mise à jour : 30 déc. 2019

En avril 2018, suite à un tirage effectué dans le cadre de ma formation, France Ferson me propose de porter pendant dix-sept jour la carte XVII du Tarot de Marseille, le LETOULE – arcane communément appelée l'Étoile –, de chaque matin effectuer un rituel lié à la symbolique de cette carte et de tenir un journal relatant cette expérience. Le voici :


Jour 1 — Mercredi 14.03.18


Je porte la carte dans la poche de mon pantalon, sur ma cuisse droite.

Je marche en rue et sens sa présence. Une sensation assez dingue, vraiment très prégnante, qui n'est pas là en continue mais qui dès que ma tête pense à la carte, infuse le monde autour de moi. Le monde devient territoire. Cette rue est mon territoire. Boulevard Barthélémy (à Bruxelles): je me mets à chercher dans mon champ visuel un élément de la carte, sans succès. Je constate qu'au cours de la journée j'ai été uriné plusieurs fois mû par un besoin pressant mais qu'en réalité la quantité d'urine fût plutôt maigre. Un décalage entre la sensation et le besoin. Ce n'est qu'en fin de journée que je fais le lien avec l'arcane et son rapport à la vessie. Serait-ce un empressement de ma part pour marquer mon territoire ? car à ce jeu ce n'est pas la quantité qui importe mais bien la fréquence. Me vient aussi à l'esprit, en urinant dans des toilettes publiques, la quantité d'urines différentes qui s'y trouvent, une juxtaposition de marquages, autant de tentatives absurdes où seul le dernier l'emporte, mais pour combien de temps ?


Jour 2 — Jeudi 15.03.18


Je fais une petite méditation sur le thème de l'arcane. Je m'imagine être cette femme. Je me visualise au bord d'une rivière, avec deux arbres, une vallée et un oiseau dans le dos. Je déverse deux jarres, je les vides comme je vide ma vessie aussi. Ce double mouvement — vider les récipients, vider le corps — est très puissant, il y a vraiment quelque chose de l'ordre du laisser aller, du lâcher prise de la libération aussi, de la purification par le vide. Comme si une chasse était tirée, un bouchon évacué.

Une jarre est vidée dans l'eau. Je saisis soudain la portée symbolique de ce geste. Vider un liquide dans une rivière, donner du liquide à un liquide en mouvement c'est se fondre en cet élément et donner sans savoir qui recevra. Donner sans attendre de recevoir. Après coup je constate que les étoiles ne sont pas vraiment présentes dans cette méditation. L'attention s'est portée sur la terre, sur l'eau, sur le corps qui (se) lache.

Je constate que depuis hier, à deux reprises, un 'pardon' et 'merci' n'ont pas franchi le pas de ma bouche. Ils n'ont pas voulu quitter le palais. Moi qui ai pour habitude d'abuser de ces mots. Je les ai pourtant pensé mais au moment de les lâcher, je me suis tu. La situation n'exigeait aucun d'eux. Je suis surpris et ravi. LE TOULE serait-elle à l'œuvre ici ? Je ne peux m'empêcher de me poser la question et d'embrayer sur le rapport langage — territoire, comme si ces mots n'avaient pas à sortir, à quitter mon territoire et qu'en les taisant j'avais préservé un peu de mon intégrité.

Je fais deux tirages pour moi-même, les deux fois, LETOULE sort en carte de résolution.


Jour 3 — Vendredi 16.03.18


Méditation sur l'arcane au réveil. Je me mets à nouveau à la place de la femme. Aujourd'hui mon attention se porte là où les vasques sont déversées, une sur la terre l'autre dans l'eau. Une action double qui m'apparaît très polarisée, comme si deux choses très différentes étaient exécutées au même moment, ce qui demande une certaine maîtrise. (En revoyant la carte je me rends compte que c'est moins sur la terre que la vasque de gauche est vidée que sur la planche rouge, voir la rivière). J'imagine ensuite l'action de la carte se dérouler au ralenti, les liquides s'écoulent lentement, ils ondulent comme des cheveux au vent. Retenir le temps me permet de concilier ces deux actions, de gérer la dualité. Les étoiles paraissent vibrer, une vibration qui va de l'avant vers l'arrière comme des étoiles de papiers punaisées au mur et sur lesquelles ont aurait soufflé. Me vient à l'esprit la position de la femme dans le paysage qui, de mémoire, me semble encastrée dans une faille, un pli du territoire. Elle est assise dans une fente. J'imagine un vagin à la place de la femme, ancré dans le paysage.

Je porte mon attention sur les arbres puis sur l'oiseau. Je l'entends croasser : CROA CROA qui devient CROIT CROIT, croire et croître, mais aussi C ROI, c'est roi. Le C est coupure, ouverture, c'est le corps aussi, le R est le souffle, qui roule vers le O, la totalité pour en sortir et se manifester sur la terre, le A.

C R O A : c'est Air Eau a ou ses Air Eau a… je termine la méditation avec ses jeux de lettres et de mots.

Aujourd'hui la carte n'a pas été très présente. J'ai à plusieurs reprises pensé à elle mais sans pour autant ressentir quoi que ce soit.

Seul lien direct, cette date sur un document d'archive, 1934, que je réduis théosophiquement, par automatisme, et qui donne 17.

En marchant en rue, je regarde le ciel, d'un gris uniforme et remarque la lumière laiteuse qui en émane. Laiteux, le lait, la lactation, LETOULE.

En faisant la vaisselle, je pense à ses yeux et me demande de quelle couleur ils sont. Je sors la carte de ma poche et constate qu'ils sont noirs. Rien d'étonnant, quand les yeux sont noirs on en parle pas. Ils leurs faut une couleur pour attirer l'attention.

La carte ne va pas tenir dix-sept jours, elle gondole et le fond blanc au niveau de l'arbre fruitier est cabossé. Je prends le dictionnaire Harrap's Shorter, l'ouvre au hasard. Je tombe sur la page 730 — preneur — et 731 — présent — entre lesquelles je la coince dans l'espoir de lui redonner de la teneur.

Bonne nuit petite carte.


Jour 4 — Samedi 17.03.18


Je place la carte au niveau du cœur, dans la poche de ma chemise dans l'espoir d'épargner l'arcane des frottements et chocs d'une journée passée dans la poche de mon pantalon.


Jour 5 — Dimanche 18.03.18


Je place la carte à nouveau au niveau du cœur.

En feuilletant 'les secrets des tarots' de Laura Tuan je lis le chapitre consacré à L'ETOILE. L'auteur décrit le contenu des amphores de L'ETOULE comme brûlant. Je n'avais jamais pensé à cela, à la température de ces liquides. Pourquoi sont-il brulant ? Comment peuvent-ils l'être ?

Plus tard, en prenant un bain avec Ari (mon fils de 3 ans) et en y ajoutant de l'eau chaude régulièrement, je me fais la réflexion que cette eau qui jaillit du robinet et me réchauffe est comme l'amour, une chaleur réconfortante qui avance et me pénètre par vagues. Mais à quoi bon réconforter la faune d'une rivière ? Peut-être que la chaleur n'a rien à voir avec la fonction du geste. Ou si l'on reste dans un monde symbolique, le don de LETOULE est chaud, chaleureux, proche de la source, qu'elle soit stellaire ou terrestre. Et si cette source était la femme elle-même ? que par son action que l'eau de la rivière en venait à guérir le monde, que de ses amphores s'écoulait un adjuvant thérapeutique, antidote universel (dont on pourrait trouver trace dans l'arcane du LE MONDE, dans la main droite de l'androgyne). Son corps comme source, son utérus comme source… mais comme le corps de LETOULE est un canal, on en revient à la source stellaire comme origine première…

Ces amphores ne semblent jamais s'épuiser.

Ce liquide est énergie et tant que la vie bat, les amphores se vident.

Je retourne la carte et la regarde à l'envers. Je réalise que la posture de la femme est telle qu'elle doit voir son reflet dans l'eau. Mais l'eau ici n'est pas stagnante. Elle n'offre pas une surface plane semblable à celle d'un miroir. On sent le courant rider les eaux, courant auquel s'ajoute les remous de l'eau déversée par les amphores. Le reflet de la femme est balloté, fractionné. Par extension on pourrait dire que ce tumulte marque (con)sciemment la fin de la représentation du corps comme expression de l'individu, de l'ego, par dissolution. Inversement (en négatif) on pourrait aussi dire que l'arcane LETOULE met à jour un brouillage de l'image du corps, une déformation inconsciente de l'image de soi (ce qui rejoint la thèse de Gerard Athias qui relie la lame à l'anorexie).


Jour 6 — Lundi 19.03.18


Je place la carte sur le cœur, dans la poche de ma chemise, sans plastique de protection cette fois.

En descendant dans le métro je repense aux amphores qui se vident sans fin et imagine une version 'Made in China' de LETOULE : amphores et jet d'eau en plastique, ne faisant qu'un, avec des LED à l'intérieur du jet qui simulent l'écoulement. On pourrait en faire une sculpture, les deux coulées d'eau faisant usage de pieds aux vasques suspendues dans les airs comme par magie.

En sortant du métro Comte de Flandre, je vois les hélices qui bordent le canal de Bruxelles. Etoiles à quatre branches, certaines immobiles d'autre en mouvement. Elles n'ont pas le même rythme, malgré une forme et un contexte commun, elles réagissent différemment à leur environnement. Je fais le lien avec LE TOULE : ces huit étoiles dans le ciel de la carte sont indépendantes, ce qui m'amène à penser aux chakras, sept centres indépendant eux aussi. Un huitième chakra existe t-il ? Je découvre plus tard que oui et qu'il se nomme le 'chakra de l'âme', une enveloppe protectrice autour du corps. Ce pourrait être la plus grosse des étoiles…

En écoutant une vidéo de Sebastien Michel où il parle de LETOULE et explique que l'eau que la femme déverse sur la terre a pour but de faire germer une graine planté là, que cette carte porte en elle la notion de durée. Je réalise que souvent je plante des graines puis les délaisse, que l'attention continue qu'une intention nécessite pour arriver à terme, pour éclore, est trop souvent négligée.

Aux toilettes : je finis d'uriner et pense à nouveau à l'association territoire / urine. Je me lève, enfile mon caleçon et mon pantalon lorsque je sens une goutte couler le long de chaque jambe. Je me dis 'merde' ! J'abaisse mon pantalon et essuie les gouttes sur l'intérieur de mes jambes. Pour le coup j'aurais marqué mes jambes, mes jambes sont mon territoire. Voilà qui était bien utile.

Je retombe sur mon référentiel de naissance et constate que dans mon thème l'ombre est l'arcane XVII.


Jour 7 — Mardi 20.03.18


La carte dans la poche.

J'imagine à différents moments de la journée, la femme déverser dans mon cœur les liquides de ses amphores. Ils s'écoulent tranquillement, méthodiquement. Je me demande : quelles énergies déverse-t-elle ? Les premier mots qui me viennent seront les bons : je pense à la bonté puis à la malice. Ainsi soit-il, aujourd'hui elle me nourrira de bonté et de malice, qu'a mon tour je donnerais.

Il ne m'a pas semblé entrevoir beaucoup de malice au cour de cette journée…


Jour 8 — Mercredi 21.03.18


En relisant la tâche donné par France, je constate que seul la première fois j'ai, en m'agenouillant, pensé à ces pensées qui 'tournent autour de moi'. Aujourd'hui je répète la phrase à plusieurs reprise dans l'espoir de l'ancrer en moi profondément.

En marchant, dans le centre ville de Bruxelles, je pense à ces idées à fixer, à la dimension céleste de la tâche et de LETOULE. Je comprends (à nouveau?) l'importance du genou à terre, qui en marquant le sol, ancre le corps et par la même le lie au ciel. Pour que cette énergie 'd'en haut' traverse le corps et se déverse sur terre il faut que ce corps soit ancré. Un double mouvement, polarisé une fois de plus, comme celui de la lance de St-Michel qui relie la terre au ciel, axe vertical, masculin et actif. Sous son aspect très féminin le personnage de l'arcane pose un acte très masculin — le nombre XVII, impair, en témoigne — son corps est cet axe entre ciel et terre, qui comme le flèche de L'AMOUREUX ouvre une brèche, crée un espace à partir duquel l'énergie va circuler.


Jour 9 — Jeudi 22.03.18


La carte sur mon cœur.

Je récupère la clé de mon local dans lequel je vais commencer à tirer les cartes.

Je regarde le prix 46,34 €. Le 4, stabilité, quaternaire qui s'associe au 6, l'idéal, l'amour / l'esprit, le 3, lié à la matière, le 4. La réduction donne 17, évidemment… je souris intérieurement.

Une expérimentation qui me retourne: procéder à un tirage dans l'intention de découvrir la question qu'une personne se posait à propos d'un sujet qui m'est aussi inconnu et après vérification constater que mon interprétation des cartes est juste, que le domaine de la question et sa problématique précise ont été bien identifiés, par le seul biais du tarot, à distance, sans la présence de la personne concernée… (réitérer l'expérience à deux autres reprises dans les jours qui suivent et constater à nouveau la pertinence du tirage et de son interprétation…)

A croire que LETOULE m'infuse et me dispense de sa capacité de canal (j'apprendrai plus tard par France, que c'est LA LUNE qui est ici aussi à l'œuvre.)


Jour 10 — Vendredi 23.03.18


La carte sur mon cœur.

Leçon de Technique Alexander avec Julie. Je suis allongé sur sa table et alors qu'elle travaille l'articulation de la hanche, qu'elle l'ouvre, mon genou droit dans sa main, je ressens une angoisse m'effleurer au moment où elle le déplace latéralement, comme si cette translation de quelques millimètres allait me projeter dans un gouffre. Sensation très brève d'une vulnérabilité profonde. Nous en discutons. Elle fait alors le lien avec LETOULE et son genou à terre. En y repensant plus tard je fais le parallèle entre l'ouverture qu'entraîne la génuflexion de LETOULE et l'ouverture que Julie travaillait au niveau de ma hanche. S'agenouiller comme signe d'humilité, d'abandon, de don à la terre. Ce don ouvre un espace en soi. De même que l'ouverture au niveau de la hanche permet à l'articulation, et au final au corps dans son ensemble, d'investir un nouvel espace, une nouvelle dimension, même de l'ordre du millimètre car il n'en faut pas plus pour éprouver la liberté. En s'agenouillant le pouvoir est placé dans une autre main, ce faisant, une nouvelle puissance peut être accueillie.


Jour 11 — Samedi 24.03.18


La carte sur mon cœur.

Je pense de temps à autre à la carte, sans plus.

Lecture du soir : dans 'les rêves et leur interprétation' de Ernst Aeppli, il est fait mention du jardinier qui, lorsqu'il apparaît en rêve, indique qu'il y a des éléments psychiques à mettre en ordre. Je pense à L'ETOULE, figure qui, dans le Tarot, se rapproche le plus du jardinier. Je fais le lien avec ce à quoi elle tourne le dos, ce dont elle n'a pas encore conscience. LETOULE tourne le dos à LA LUNE. (Le graphisme des deux cartes le confirme, le jardin s'étend d'une carte à l'autre et il en va de même pour l'eau qui dans LETOULE sort du bassin de LA LUNE pour se déverser de manière organique dans le monde). Comme si il y avait quelque chose dans les astres à mettre en ordre et que LA LUNE et LE SOLEIL se chargerons de faire.

Dans LETOULE l'eau coule, de trois sources différentes (tiens ! trois sources dans LETOULE et trois fenêtres dans LA MAISON DIEU, un lien à creuser ?) alors que dans LA LUNE les eaux sont d'une certaine manière fixées, circonscrites par un bassin artificiel, né de la main de l'homme. Cette assagissement, cette immobilité des eaux serait-elle la marque d'une évolution ? C'est comme si du tumulte de l'arcane XVII nous étions tout à coup dans un arrêt sur image, face à un échantillon de l'eau de la rivière, un prélèvement d'eau vive, eau vivante et que de ce prélèvement, placé sous le rayonnement lunaire naissait une scène ayant pour décor l'orée d'un village, ou la limite du monde connu d'après Georges Colleuil. Que sait LA LUNE que ne sait pas encore LETOULE ? Dans la carte, LETOULE accueille les sept planètes du monde antique, LA LUNE quant à elle, accueille la lune, (avec un soupçon de soleil ? la situation n'est pas très claire). La lune fonctionne comme un marqueur, un rappel de l'existence du soleil. Elle est la surface sur lequel il se réfléchit, elle est son relais. Comme si le soleil, de peur que l'on ne l'oublie la nuit, avait placé un miroir dans notre champ afin de s'y refléter. La lune reflet du soleil et LETOULE reflet trouble de soi-même : là réside peut-être une première leçon de LA LUNE à LETOULE. Comme évoqué plus haut, le personnage de l'arcane XVII se regarde dans une eau en mouvement, une eau trouble alors que dans LA LUNE l'eau est stagnante. Elle offre une surface lisse comme celle d'un miroir à un éventuel spectateur. Or ce spectateur est toute personne se penchant sur la carte. (Il m'a depuis longtemps semblé que dans un tirage, LA LUNE invite à l'introspection, à se plonger dans cette image renvoyée par les eaux des profondeurs, les eaux matricielles, à considérer le monde extérieur comme un miroir nous renvoyant ce que la conscience ne voit pas.) Loin des mouvements de la vie mondaine, LA LUNE offre une surface plane irréelle (hors du temps) et réfléchissante, plan d'accueil intérieur et porte d'accès à ce qui est humide en nous.


Jour 12 — Dimanche 25.03.18


La carte sur mon cœur.

En courant ce matin, je repense a LA LUNE et à LETOULE et réalise que LA LUNE est à la fois dévoilée et occultée par le soleil. Le croissant de lune en est la face visible, le reste est dans l'ombre. En psychologie des profondeurs, l'ombre est ce qui de l'inconscient affleure la conscience. Dans LA LUNE le croissant de lune est rouge et ce qui est dans l'ombre du soleil à un visage. L'ombre est le visage de la lune.


Jour 13 — Lundi 26.03.18


La carte sur mon cœur.

La journée se passe sans rapport direct avec l'arcane. Je ne pense pas à la carte sauf à quelques rares occasions qui m'amène à LA LUNE.

Le soir je me replonge dans le rapport Lune / Soleil. Il y a quelque chose de paradoxal dans ce rapport. Plus le soleil éclaire la lune, plus elle est visible, au point de prendre l'apparence d'un second soleil (pleine lune) — un soleil doux, que l'on peut fixer du regard, un soleil réceptif, bienveillant — et plus son visage (l'ombre) s'efface. Pour reprendre l'iconographie de LA LUNE, elle serait une boule rouge, soirs de pleine lune. II n'est, à ma connaissance, pas souvent fait mention de ce rapport clarté / obscurité. La lune est ce balancement incessant entre l'ombre et la lumière. Une lumière recueillie ou subie.

Nouvelle lune : la lune disparaît car éclairée de 'dos'. Sans lumière pas de lune. Ici son visage se montre entièrement et ce faisant disparaît. Phénomène remarquable qu'est celui de disparaître en se montrant !

Premier quartier — équilibre entre lumière et ombre

Pleine lune — son visage disparaît, la lune est un soleil 'féminin'

Dernier quartier —à nouveau équilibre entre lumière et ombre


Jour 14 — Mardi 27.03.18


La carte sur mon cœur.

Pas de connexion spécial à la carte pendant la journée.

Lecture du Tarot le soir chez Jane's.

En arrivant, comme toujours, je fais un tirage pour tâter l'ambiance du soir. Mon attention se porte sur deux cartes, je tire : LE DIABLE et LA PAPESSE, c'est-à-dire XV et II (=XVII). Je souris et m'imprègne de ce couple haut en couleur. Cela ne m'inspire pas grand chose quant à la soirée à venir. Je vois LA PAPESSE regarder LE DIABLE d'un air amusé et maternel, pleine de bienveillance pour ce guignol qui grimace et accapare toute son attention. Je fais le lien entre les amphores de LETOULE et ces deux arcanes : la gauche déverse LE DIABLE, la droite LA PAPESSE.

Je procède à un autre tirage, LETOULE apparaît à nouveau (et apparaîtra encore plusieurs fois ce soir).

En rentrant et en inscrivant ses mots je repense à la Nouvelle Lune lors de laquelle la lune disparaît au moment où son visage nous est le plus exposé. Je me demande ce que l'on peut tirer d'une telle constatation et fais le lien avec ceci : on dit souvent que lorsque un complexe ou blocage apparaît à la conscience, le blocage disparaît, l'énergie est remise en mouvement, le problème se résout de lui même. En montrant son visage, son ombre donc, la lune disparaît également : l'astre lunaire et son rapport à la lumière solaire comme symbole 'vivant' du rapport conscient / inconscient (?)

Depuis plusieurs jour c'est comme si mon attention portait au-delà de la carte de LETOULE, comme si j'étais dans son dos à explorer les astres qui lui succèdent.


Jour 15 — Mercredi 28.03.18


La carte au niveau des cotes, sous le plexus à gauche (sur l'estomac).

Journée sans rapport particulier avec l'arcane si ce n'est lors d'une conversation téléphonique avec France qui me rappel qu'avec LETOULE il est bien question de territoire mais aussi de recevoir, dimension que j'ai tendance à occulter…


Jour 16 — Jeudi 29.03.18


La carte à gauche, sur l'estomac.


Jour 17 — Vendredi 30.03.18


Pendant la brève méditation du matin interrompue par les appels du fiston je me concentre sur l'arcane et m'engouffre dans l'arbre sur lequel repose l'oiseau. Je sens l'arbre touffu, avec ces trois fruits, gorgés de sucs. iIs me font penser à des œufs. Je fais alors le lien avec les quatre œufs du mandala (Tarot de Camoin / Jodorowsky) : celui de LA PAPESSE, de L'EMPEREUR, du LE CHARIOT et du LE MAT. Quatre œufs pour seulement trois places dans l'arbre… Ils se sont réunis au pied de l'arbre et l'un d'entre eux n'y a pas accroché son œuf. Le marginal est vite trouvé. Je pense au LE MAT. S'est -il même arrêté avec eux ? Les a t-il même vu ? absorbé qu'il était par ses pensées sur fond de ciel étoilé ? L'œuf du LE MAT reste avec LE MAT, c'est un œuf éternel. Je pense au Phénix qui au terme d'un cycle de vie se consume et laisse un œuf 'derrière' lui, œuf à partir duquel il renaît. Le feu et l'œuf étroitement liés. Or LE MAT est le symbole par excellence du feu. Il est la flamme de vie et dans sa main droite il porte le germe de sa vie future, ce qui lui assure une vie éternelle. J'imagine LE MAT qui se consume à la fin de chaque cycle une fois passé LE MONDE. En regardant l'arcane du LE MONDE je me dis que cette œuf prêt à éclore est déjà figuré dans LE MONDE, que l'androgyne au centre de sa mandorle est une vue de l'intérieur de l'œuf, du fœtus, une figuration de la flamme de vie, pour ne pas dire de la 'femme' de vie !

LE MAT traverse donc le paysage de LETOULE et laisse ses camarades affairés au pieds de l'arbre.

Trois œufs sont réunis, planqués dans l'arbre, peut-être même couvés par l'oiseau — en y regardant de plus près on peut aisément concevoir l'arbre comme un nid.

Mais pourquoi suspendre un œuf dans un arbre ? Pour faire de l'œuf un fruit ? Fruit intérieur placé dans les airs pour mûrir ? Ces fruits sont-ils des idées ?

Prolongeons le jeu :

— l'œuf de la LA PAPESSE contient son essence, elle l'a pondu, par auto-gestation.

— l'œuf de L'EMPEREUR est un œuf qui nourrit, à la coque ou en omelette, il est au service du corps plongé dans le faire.

— l'œuf du LE CHARIOT est un grigri, un souvenir du nid fraîchement quitté dont la fonction est de le soutenir dans son épopée et de lui assurer la réussite.

En accrochant son œuf dans l'arbre:

— LA PAPESSE, en manipulant sa production, prend conscience de son corps comme athanor, haut lieu de transmutation du monde.

— L'EMPEREUR en prenant cet œuf à terre et en le plaçant 'dans les airs', ouvre son action matérielle à une dimension immatérielle.

— LE CHARIOT s'émancipe, il lâche une croyance liée à son arbre généalogique (serait-ce une piste pour un acte symbolique ayant pour sujet, ou clé, l'arcane VII ? = demander au consultant de prendre un œuf, d'imaginer cet œuf comme un trésor de famille contenant toutes les croyances héritées, œuf magique mais impersonnel, de le porter avec soi pendant un temps [ 7 jours ? périlleux !] puis de le placer dans un arbre à la lisière d'une forêt et de lui souhaiter une belle vie dans son nouvel arbre ??)


Le Toule La Papesse L'Empereur Le  Chariot Le Mat
Tarot de Camoin/Jodorowsky, 1997

Je place les lames devant moi, celle du LE MAT, puis celle de LA PAPESSE, de L'EMPEREUR et pour finir celle du LE CHARIOT. La fine équipe. Il y a l'électron libre, le fou du roi, ce qui précède au tout et lui succède. Il y a la source de la dualité, du féminin réceptif, représentation anthropomorphe / incarnation de LA LUNE. Avec L'EMPEREUR, la représentation du plan matériel dans sa dimension première, prise de terre au monde des idées de L'IMPERATRICE et avec LE CHARIOT, la première tentative dans le mandala du Tarot d'union entre l'esprit et la matière. Le 3 + 4. Union entre le haut et le bas à un niveau microcosmique, celui du corps.

Pour quelle raison sont-ils réunis en XVII ? Qu'apportent-il à cet arcane ?

LE MAT, bien que de passage seulement (comme à son habitude), apportait-il son énergie vital, souffle brulant venu des étoiles ?

LA PAPESSE, son intériorité, son rapport immatériel aux choses par le biais du corps ?

L'EMPEREUR, l'ancrage au sol, à la terre ?

LE CHARIOT, sa capacité à unir le haut et le bas peut-être, capacité décuplée en XVII pour s'étendre au macrocosme, le Haut étant le Ciel, le bas, la Terre ?

LETOULE rejoint les quatre arcanes sur la table.

Je les organise en croix, LE TOULE au sommet, LE MAT en bas (voir img)

En fin de soirée je décide, pour clore ces dix-sept jours, de réaliser cet autre exercice donné par un 'conseiller / coach / psy (comment définir cette personne si particulière ?) vu quelques semaines plus tôt : noter sur des feuilles séparées, en les différenciant par de la couleur, par leurs formes aussi, les différentes activités qui m'occupent, et celles que je souhaite développer à l'avenir et les accrocher au mur, dans un lieu visible afin des les avoir sous les yeux régulièrement. Une sorte de constellation de possibles. L'idée est de faire communiquer les éléments entre eux, voir lesquels prédominent, ceux vers lequel mon cœur penchent etc. Cette tâche rejoint celle de LETOULE dont une des facettes consistait à ancrer / fixer ces idées, ces images qui m'habitent, tournent autour de moi.

Les voilà, pour certaines, en ce dernier jour, littéralement épinglées au mur !



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